Cododo : pour ou contre ?

Ah… Le fameux débat, parmi tant d’autres !, du cododo et de l’obsessionnel « Est-ce qu’il fait ses nuits ? »… Quand je vois des discussions s’envenimer à ce sujet, je reste un peu perplexe… J’ai vraiment l’impression que chacune a envie de faire passer sa vision des choses comme une vérité absolue. Mais vous savez quoi ? Un grand sage a un jour annoncé que la « vérité est ailleurs » (merci Mulder). Et autre chose : chaque parent, chaque enfant, chaque nuit, chaque environnement est différent. Alors pour le cododo (ou cosleeping, yeah), ECOUTEZ VOUS. Pas votre copine. Pas votre maman. Pas tatie. Vous et votre bébé (et monsieur aussi OK). Que vous ayez choisi de faire dormir bébé dans sa chambre, ou dans un lit dans votre chambre, accolé au votre (en « side car »), ou encore directement dans le lit parental (« partage de lit »), c’est VOTRE décision.

Le cododo, influencé par l’Histoire et la culture

Apparemment, il n’y a bien que dans notre culture occidentale que le sommeil de bébé fait autant couler d’encre, surtout concernant le cododo… Et pourtant ! Il existe depuis des lustres, et comme tous les sujets concernant la maternité ou les bébés, les avis divergent selon les époques. Ainsi, à partir du 19ème siècle, le cododo est devenu la bête noire des médecins qui pointaient du doigt le risque d’étouffement (enfin pour la version officielle en tout cas, because la réalité tend plutôt vers une période d’infanticides). Plus tard, c’est le côté trop fusionnel qui a été ajouté aux vilains défauts du cododo, en faveur du lit pour bébé, avant que la pratique ne revienne en force dans les années 2000 avec les approches de maternage proximal, notamment le come-back de l’allaitement ou du portage, tout d’abord dans les pays scandinaves puis aux US.

Et oui, parce que mine de rien, il y a une incitation culturelle qui joue sur la pratique (ou non) du cododo, qui est en réalité adopté dans la majeure partie du monde. Il est considéré comme une norme dans les pays asiatiques, africains ou encore sud-américain. Par exemple, 90% des bébés chinois de 3 mois dorment dans le lit de leur maman, idem pour 88% des petits coréens de 1 à 7 ans. Mais rassurez-vous, on ne trouve apparemment pas d’adolescent de 15 ans dans le lit de papa-maman ! L’évolution des cultures a joué un rôle dans l’appréhension de l’apprentissage et de l’éducation. En Europe, l’industrialisation du 19ème a marqué un tournant dans bien des choses, et le cododo en fait partie. En effet, bébé dormant seul « comme un grand » dans sa chambre est en fait considéré comme « normal » depuis seulement un siècle ! Jusque-là, bébé faisait sa nuit dans un berceau dans la chambre parentale, et la terminait bien souvent dans le lit conjugal suite aux tétées nocturnes.

Pratiquer un cododo safe

Un autre commentaire qui est récurrent justement dans le débat du cododo : ce fameux lit conjugal. On sent poindre un petit jugement ou une interrogation quant au déroulé de la vie intime du couple. Si cet aspect est bien évidemment propre à chacun, j’ai juste envie de rappeler que, ô mon dieu, il existe d’autres pièces, d’autres lieux que le sacro-saint lit, et aussi, d’autres heures et moments que le créneau 22H-00H. Des études ont d’ailleurs montré que bien des couples pratiquant le cododo ont donné un peu de piment à leur vie sexuelle… A bon entendeur 😉

Bref ne nous égarons pas. Le sujet majeur qui revient reste quand même la sécurité de bébé. Et pour le coup, j’ai pas mal étudié la question, car j’étais tentée par le cododo, mais la peur d’étouffement ou d’écrasement par moi (ou papa ronfleur) était bien là. La nature est quand même bien faite, on a un bon radar pour ça, la vigilance ne décroit pas. L’OMS, l’UNICEF et la COFAM recommandent d’ailleurs le partage de chambre pendant les 6 premiers mois pour diminuer le risque de mort subite du nourrisson, et ajoutent une liste détaillée des règles de sécurité à suivre pour le partage de lit en toute sécurité. Quelques règles doivent en effet être appliquées (plutôt logiques en fait) comme éviter le cododo si l’un des parents a consommé de l’alcool ou est fumeur, ne pas mettre de lourde couette et d’oreiller à proximité de bébé, en cas d’extrême fatigue, veiller à ce que bébé ne se coince pas ou tombe entre le lit et le mur… Le cododo n’est en fait pas lui-même un facteur de mort subite du nourrisson, mais c’est sa mauvaise pratique qui peut au final être source de danger.

Pour vous faire part de mon expérience, j’en avais des idées reçues avant de devenir maman… Et puis, tout vole en éclat. La fatigue, la peur, l’apprentissage, s’installent. Et après des débuts timides, pas vraiment convaincue, je me suis mise au cododo. J’ai pu allaiter plus sereinement mon bébé. J’ai pu avoir un semblant de nuit meilleure. J’ai senti que bébé en avait besoin, niveau affectif, et qu’il se sentait en sécurité avec nous, qu’il était rassuré. Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau, spécialiste du cododo, explique à ce sujet que dormir avec ses parents dans la petite enfance renforce plus tard l’estime de soi et aide même à l’âge adulte à trouver un bon équilibre psychologique et affectif. D’ailleurs, selon la théorie de l’attachement : « ce n’est que quand ses besoins de proximité sont satisfaits qu’un individu peut s’éloigner de sa figure d’attachement pour explorer le monde extérieur ».

Bref, quoi qu’il en soit, pour ou contre, écoutez-vous, écoutez votre conjoint, écoutez votre bébé, ayez confiance. Quand bébé sera prêt, car il le sera, il dormira seul. Toute la nuit.